« Putain mais qu'est-ce qu'il devient Johnny Cage ? » Parce que c'est la question que tout hardcoregamer qui se respecte se pose le matin au réveil, le bien nommé magazine The Verge a retrouvé l'acteur qui interprétait le fighter trop classe à lunettes noires dans Mortal Kombat. Et le bougre a pas changé, ou presque.
Daniel Pesina a aujourd'hui la p'tite cinquantaine et le sourire. Il gère tranquille son bizness du côté de Chicago, une salle d'arts martiaux où il donne également des cours - pour ceux qui voudraient s'offrir une vraie mandale officielle de Johnny Cage dans la gueule, c'est ici que ça se passe. D'ailleurs "Danny" se qualifie lui-même de prof qui aime mettre la main à la pâte. C'est pour ça sans doute que Mortal Kombat a si bien marché »s'amuse-t-il.
Mortal Kombat justement. Daniel Pesina s'y est retrouvé un p'tit peu par hasard. C'est un ami commun qui lui a présenté à la fin des années 80 John Tobias, le futur co-créateur (avec Ed Boon) du célèbre jeu de baston. Tobias, encore au lycée à ce moment là, cherche quelqu'un pour un projet étudiant : J'avais un début d'histoire avec un ninja qui poursuit des bandes de voleurs ou un truc dans le genre » rigole Tobias. Danny, adepte des arts-martiaux depuis l'âge de 11 ans, accepte de faire le con devant la caméra pour les besoins du film. Un délire d'ados sans lendemain mais qui permettra aux deux hommes en devenir de rester en contact.
Alors quand, quelques années plus tard, Tobias entre chez Midway avec cette idée de créer un jeu de combat en digitalisant "de vrais gens", il pense tout de suite à Pesina comme acteur / consultant. Et comme Danny n'a jamais su dire non...
L'histoire on la connait. 1992, Mortal Kombat fait un véritable carton dans les salles d'arcade et sur consoles. Daniel Pesina, Johnny Cage pardon, se révèle même l'un des personnages les plus populaires du jeu avec Scorpion et Sub-Zero, au point d'avoir sa tronche sur la cabine de la borne officielle. Danny vit ses premières heures de gloire, il fait des apparitions dans des soaps, des interviews dans le Time et signe des autographes chez son dentiste. Il remettra le couvert avec Mortal Kombat II mais lâchera l'affaire après. En cause ? Une sombre histoire de procès intenté à Midway et ses partenaires parce que le jeu se vendait par millions mais que tous les acteurs restaient payés au lance-pierres - les anecdotes à ce sujet valent leur pesant de cacahuètes
Tricard auprès de toute la grande famille du jeu vidéo (Midway, Acclaim, Williams, Nintendo, SEGA) après ce procès qu'il a finalement perdu, Pesina entame alors un parcours de looser pathétique à faire rêver les plus grands cinéastes. On l'aperçoit justement au troisième plan dans "Teenage Mutant Ninja Turtles 2: The Secret of the Ooze" en train de se foutre sur la gueule avec son pote Ho Sung Pak - Lui Kang pour les intimes - ainsi que dans un autre film mémorable intitulé "The Book of Swords". Le book of quoi déjà ? Danny ira même jusqu'à écrire un scénario de film sur des types qui se battent dans une cage ; une sorte de MMA avant l'heure. On était juste un peu en avance sur notre temps »commente Ho Sung Pak, le pote de toujours.
Artistes maudits à Hollywood, les deux acteurs décident alors de retourner à leur premier amour. Exit Midway, zy'va pour Data East. Chaud bouillant à l'idée de faire "le Mortal Kombat killer" et d'amasser les biftons, le studio de Chicago fait signer nos saltimbanques direct pour deux jeux : Tattoo Assassins et Thea Realm Fighters. Ca ne vous dit rien ? C'est normal, les deux titres ont été annulé avant leur sortie. Une histoire d'argent encore. On n'a même pas été payé pour ça ! Mais c'est sans rancune »Lui Kang nourrit par contre quelques regrets à propos de Thea Realm Fighters. Je dois encore avoir quelque part toutes les images. J'aimerai bien un jour peut-être en faire un truc, un p'tit jeu tout simple auquel les gens pourraient jouer sur leur téléphone »
TRF était prévu à l'origine sur la Jaguar d'Atari. La loose jusqu'au bout. Pesina lui retrouvera tout de même un certain succès dans les salles d'arcade avec BloodStorm, un jeu de baston ultra gore signé Incredible Technologies, le studio américain à qui l'on doit la série des Golden Tee Golf.
Après tout ça, on aimerait bien savoir si Daniel Pesina pourrait reprendre un jour du service ? Ca dépend »
dit-il, hilare :
Si on me propose un Mortal Kombat numéro 59 million et qu'il s'agit encore et toujours de la même chose, non ! Le jeu devra évoluer d'une manière ou d'une autre »
Et si la Warner lui propose un remake HD pour les 20 ans du premier épisode ? Ca me plairai bien »
En grand adepte du Tai Chi, Danny est en paix avec lui-même, mais pas tout à fait avec ses velléités d'acteurs...